Un sur deux - [Steve Mosby] ou le thriller un peu beaucoup sur-estimé quand même

Editions Sonatine, 414 pages, édité en janvier 2008

J'avais hâte d'en finir, j'ai lu jusque tard hier soir parce que j'en avais assez. Assez d'avoir encore gagné, d'avoir encore deviné la fin. Que voulez-vous, j'ai sûrement été Fantomette dans une autre vie.
Verdict.

 Vaut-il mieux mourir ou condamner l'autre à la mort? Avant d'en tuer un sur deux, un serial killer torture les couples qu'il séquestre: à eux de décider.
Jodie vient de tromper Scott et se sent coupable. De son côté, il recense cinq cents raisons de l'aimer. Ils sont enlevés. L'inspecteur Mercer n'a que quelques heures pour les retrouver avant qu'ils ne craquent. Et vous, que feriez-vous?

Le pitch avait tout pour me séduire, puisque cette idée géniale de n'en tuer qu'un seul, et de laisser le choix de cette mort à l'autre, attisait ma curiosité malsaine, mes accointances non-refoulées vers le glauque, le sordide, le terrifiant. 
Question glauque et sordide, croyez-moi, on est plus que bien servi. Je ne vous gâcherai pas le plaisir mais les amateurs de scènes de crime bien dégueulasses devraient apprécier. Notre psychopathe en puissance porte un masque de diable sur la tête pour commettre ses atrocités et pire que tout, espionne les moindres faits et gestes de ses nouvelles proies en se logeant dans leur grenier (j'ai du mal à trouver ça crédible mais.... soit). 
Le diable était immobile, ou presque, le regard rivé sur le petit écran face à lui, en train d'écouter au casque les données transmises par le dispositif de surveillance qu'il avait installé dans la maison
L'auteur a pris le parti d'alterner les points de vue des personnages; mais seul le nouveau flic, notre "héros" Mark Nelson, a le privilège d'être narré à la première personne. C'est astucieux, je dis pourquoi pas. 
Les victimes, ainsi que la femme de l'autre flic, notre ancien héros John Mercer (qui revient d'une bonne grosse dépression et à qui les collègues attentionnés ne font plus trop confiance) sont dépeints alternativement au fil des pages. 
C'est intéressant, puisqu'on apprend à connaître tout ce petit monde (mourra? mourra pas?), les relations qui les unissent et leur interprétation de ces relations (plutôt pas mal fichu de ce côté là)
Malheureusement, l'auteur n'évite pas un écueil très courant dans ces moments-là: ce fichu cassage de rythme ! Surtout que, fait d'importance, le roman se déroule sur une nuit. Une simple nuit! Le compte à rebours est froidement indiqué avant chaque chapitre. Le lever du jour tant redouté impliquera la mort d'une des victimes...  
Or, ce choix d'un roman à la 24h chrono implique selon moi nécessairement un récit dans l'urgence, une course contre la montre dans le fond ET dans la forme. Les fins de chapitre sont souvent chargées de suspense et on a vraiment envie de lire la suite... mais entre deux chapitres clés se glissent nécessairement 10 pages sur les rêves (oh purée, c'était d'un ennui, ces rêves), la vie passée, la relation de couple... de untel ou untel. Et en dépit de l'empathie que cela soulève chez le lecteur, en dépit des indices que cela peut glisser... c'est vraiment frustrant. J'ai lu en diagonale beaucoup de pages, malheureusement (bah oui, Pennac a dit qu'on avait le droit de le faire, alors...).
En matière de police, il n'y a ni Dieu ni diable, ni Bien ni Mal. Ce ne sont pas des monstres. Seulement des gens abîmés. Comme nous tous, ils se trouvent à l'intersection du mal qu'on leur a fait et de celui qu'ils font.
Venons-en maintenant, sans spoiler bien entendu, à l'intrigue en elle-même... Sur la quatrième de couverture, ce roman est comparé au Silence des Agneaux, à Seven et à Saw. Et oui, rien que ça. Des références, des classiques. Des trucs géniaux.

Je n'ai qu'une chose à dire: WTF? 

Je ne vous parlerai que de mon propre ressenti de lectrice (difficile en polar, je dois bien l'admettre). Pardonnez-moi, chères éditions Sonatine qui vendez allègrement votre bouquin en nous mettant l'eau à la bouche... Mais j'ai personnellement découvert le pot au rose assez rapidement. Car, en plus de mon incroyable flair aiguisé et de mon intuition légendaire, j'ai JUSTEMENT lu ce livre avec les références citées bien en tête (pas pu faire autrement désolée) et elles m'ont clairement aidée à découvrir la fin, dès le milieu du roman... Faut arrêter avec ça hein. On peut pas citer "SEVEN" en se disant que cela n'aura aucun impact sur un lecteur un peu chevronné et tatillon comme moi... Du coup, plus j'avançais dans ma lecture, plus mes soupçons se confirmaient. Grrr.... j'avais hâte d'en finir (pour savoir si, comme souvent j'avais raison, haha, mais aussi parce que le roman perdait de son intérêt)
Je n'ai donc pas eu l'agréable sensation d'être dupée par un auteur qui m'aurait fait tourner en bourrique tout au long de son roman (ça, j'aime, ça je veux). J'ai eu la sensation d'être dupée parce qu'un polar, lorsqu'il est bien fichu, ne permet pas à ses lecteurs de deviner aussi vite et facilement la fin.

Enfin (pour continuer à bien dézinguer ce livre pourtant pas si mal), tout ne tient pas super bien la route. La résolution est selon moi assez confuse (qui était vraiment l'assassin, on n'en sait pas grand chose et c'est un peu facile); un personnage n'a juste rien à faire dans ce livre et m'a fait doucement rire lorsque j'ai compris qu'il était un peu la solution de facilité pour l'auteur. La signature de l'assassin (les toiles d'araignées dessinées au feutre) est complètement loufoque à mon sens et manque cruellement d'explications claires pour le commun des mortels (bah oui, je trouve la fin mais je saisis pas trop la signification d'un truc simple)... Bref, on sent que c'est un premier roman (la meuf bien cassante qui écrit ça... shame on me), légèrement survendu. 

Pour autant, et étonnamment penserez-vous, j'ai tout de même dévoré ce roman, plutôt addictif. Si vous n'avez pas lu ou vu les références citées en quatrième de couverture, vous devriez y trouver votre compte. Malgré quelques erreurs de "débutant" dans ce premier roman, je suis persuadée que Steve Mosby est un auteur à suivre. 

Mes p'tites étoiles:

Mais, tout cela n'est que mon humble avis.


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