Running Man - [Stephen King] ou "Cours Forrest, couuuuurs!"

 
Le Livre de Poche, paru en 1982 et réédité en 2005, 250 pages


Et de deux ! Parmi mes résolutions littéraires 2018, il y avait "découvrir Stephen King". Après Marche ou Crève, j'ai refermé hier soir avec délectation Running Man. Verdict.

Premier quart du XXème siècle. La dictature s’est installée aux États-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une émission de jeux suivie par des millions de fans : c’est « La Grande Traque ». Ben Richards, un homme qui n’a plus rien à perdre, décide de s’engager dans la compétition mortelle.
Pendant trente jours il devra fuir les redoutables « chasseurs » lancés sur sa piste et activement aidés par une population encouragée à la délation. Tous les moyens sont bons pour éliminer Ben Richards…
Vous n’avez pas une chance de vous en tirer : Personne ne survit à une chasse à l’homme qui mobilise la nation entière, sans oublier l’entraînement et le matériel incroyablement sophistiqué des Chasseurs.
Marche ou crève et Running Man forment une sorte de diptyque: un jeu de télé-réalité cruel visionné dans toute l'Amérique, pour faire oublier à la populasse les conditions sordides dans lesquelles elle vit et ce que le Gouvernement a fait du pays (inégalités, pollution, ultraviolence, manipulation par les médias...). Un peu comme un bon Hunger Games plus récemment.
Ils nous ont donné le Libertel pour que le peuple crève tranquillement, sans faire d'histoires. Le Libertel nous tue. Pendant qu'on regarde leurs tours de passe-passe, on est aveugle au reste.
En seulement 250 pages, Stephen King nous dépeint une Amérique des plus sordides, violente, totalitaire, polluée, surmédiatisée. Son personnage principal, Ben Richards, un chômeur anticonformiste et bien loin de la masse, n'a plus rien à perdre et se désespère de voir sa fille de 18 mois mourir à petits feux par manque de soins.
Au travers d'un compte à rebours haletant (le livre commence par le chapitre 100), nous suivons donc Ben, qui va participer au casting de la Grande Traque, s'entretenir avec son producteur, passer des entretiens... puis enfin se jeter dans la gueule du loup. Mais Ben Richards est loin d'être idiot, loin d'être un pigeon. Malgré sa peur, on perçoit qu'il sait parfaitement où il va, les erreurs à ne pas commettre, les pièges à éviter et ceux qu'il faut tendre pour échapper aux chasseurs. On le lui dit, d'ailleurs, lors de son casting: vous n'êtes pas un candidat comme les autres...
Cette émission est l’un des meilleurs moyens dont le Réseau dispose pour se débarrasser de personnes potentiellement dangereuses. Telles que vous-même, monsieur Richards. Elle existe depuis six ans. À ce jour, il n’y a pas eu de survivant. Pour parler franchement, nous sommes certains qu’il n’y en aura jamais.
Derrière sa volonté de gagner de l'argent pour sortir sa femme et sa fille de la misère, on devine effectivement sa volonté de défier le système, de mettre un coup de pied dans la fourmilière et d'essayer de réveiller les foules hypnotisées, devenues enragées par ce sordide jeu télévisé. 
Le public sera très agité, mais c’est ce que nous cherchons. Il veut que ça saigne, comme dans les matches de foot-à-mort.
Ben doit tenir 30 jours sans mourir. Il doit envoyer chaque jour deux enregistrements vidéo prouvant qu'il est en vie.  Le suspense est à la hauteur du pitch de départ: haletant, voire épuisant. Les chapitres sont très courts; notre héros change de cachette, de ville, de plan. Va-t-il se faire aider? Se faire trahir? Car n'importe quel citoyen d'Amérique peut gagner 100 dollars s'il dénonce le fugitif, voire 1 000 si ce dernier meurt des suites de cette dénonciation. Ben ne peut donc faire confiance à personne, quand on sait à quel point la misère règne dans le pays.
Cet homme est Benjamin Richards, vingt-huit ans. Regardez-le bien ! Dans une demi-heure, il va être lâché dans la ville ! Si vous le voyez – mais il faut le prouver – vous avez gagné 100 dollars ! Si vous donnez un renseignement permettant de l’abattre, il y aura 1.000 dollars pour vous !
Stephen King nous propose une vision très noire de la société dans les années 2025... Et même si c'est un peu poussif, on n'en est pas si loin en 2018. Serait-ce un livre cruellement visionnaire, dans la même lignée que le célèbre 1984? Ce qui est certain c'est que l'auteur dénonce et défend des valeurs autant qu'il nous raconte une histoire incroyable au rythme soutenu, parfois profondément humaine, parfois profondément inhumaine. C'est sûrement ça, le talent King.

Mes p'tites étoiles:

Mais, tout cela n'est que mon humble avis.





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