Journal d'un vampire en pyjama - [Mathias Malzieu] ou l'hymne à la vie en poésie

Paru en janvier 2016 chez Albin Michel, 240 pages

Oh que ça fait longtemps que je n'ai pas rédigé d'articles... oh que je deviens laxiste avec moi-même. La faute à quoi, vous demandez-vous, bande de petits curieux? Et bien le début (plus que tranquille) de la période printanière veut que le jardin m'appelle (viens, viens désherber), et la fin de période (plus que difficile) hivernale veut que j'ai besoin de me remettre en force au sport et aux ballades. Et ouais, 6 mois de canapé intensif ne pardonnent pas (surtout quand on aime le fromage comme moi). 
Bref, des articles plus espacés (mais toujours autant de lectures, films et séries, ce qui ne fait qu'intensifier le retard déjà accumulé), que je vais tâcher de rédiger avec autant d'application que d'habitude cependant !

Aujourd'hui, petit verdict de ma lecture express (deux petits après-midis!) du Journal d'un Vampire en pyjama !

Journal d'un vampire en pyjama raconte le récit autobiographique de l'auteur (chanteur déjanté de Dionysos), qui a découvert qu'il était atteint d'une maladie aussi terrible que rarissime, l'aplasie médullaire, l'obligeant à subir transfusions à répétition et greffe, et surtout qui l'a obligée à demeurer en chambre stérile plusieurs mois.
Planter un stéthoscope dans les nuages pour écouter le bruit de la pluie qui se fabrique.
Comment vous dire à quel point j'ai adoré cette lecture, dont le sujet n'est pourtant pas très ragoûtant !? 
On retrouve ici la prose teintée de magie et de rêveries de Malzieu, ses jeux de mots, son humour, sa tendresse... Il ne nous épargne pas les détails (au secours, la terrible scène de la ponction de moelle osseuse) mais ne tombe jamais dans le misérabilisme et l'auto-apitoiement. Via ce journal intime, il nous livre son long combat contre une maladie qui "peut arriver à tout le monde mais n'arrive jamais à personne"... C'est juste brillamment écrit!
Ce matin en sortant de la douche, je me suis senti tellement fatigué que j'ai eu l'impression de m'effacer en me séchant. 
Malzieu, grâce à des phrases toujours joliment tournées, grâce à son optimisme, grâce à son amour pour sa compagne et pour la vie, nous permet presque de voyager dans la maladie, et non de la subir et d'en être effrayé (bon ça fait quand même bien flipper). Je ne saurai choisir mes citations préférées, tant ce livre s'apparente à une longue prose poétique et tendre.
Manger les derniers flocons de l'hiver à même le ciel. 
J'ai tant de fois souri à la lecture de ses mots! Et cette allégorie de la Mort qui pend au bout du nez, incarnée subtilement et avec poésie par Dame Oclès, qui rend visite au malade de plus en plus souvent, mais à qui il fait des pieds de nez en résistant, en survivant, en continuant d'y croire surtout. Et puis, Malzieu ne se voit pas comme un malade, mais bien comme un vampire, qui a besoin du sang des humains pour survivre. Et cette métaphore, elle est vraiment trop classe. On réalise a quel point la normalité (acheter son pain, se raser, faire du sport...) relève désormais de l'ordre de l'impossible, de l'impensable pour lui, car son système immunitaire est complètement HS. Le livre s'avère d'ailleurs très pédagogique, à portée de tous, pour comprendre ce qu'est l'aplasie médullaire (et surtout le rôle des plaquettes, des globules... enfin moi je trouve ça intéressant quoi).
Je suis rescapé d’un crash en moi-même. Les papilles gustatives de mes émotions sont en alerte maximum. Le normal correspond à l’extraordinaire.
Ce qui  m'a peut-être permis de lire ce livre avec recul et sourire, c'est que je savais que Malzieu s'en était sorti. D'ailleurs, j'ai visionné a posteriori certains de ses passages TV sur Youtube; il a toujours les mots, le sourire, le style. Bref, bien que sa musique ne me chauffe pas des masses, j'aime vraiment bien sa personnalité.
Un bug... Je me suis fait hacker le système immunitaire, du coup je m'autodétruis. Je suis mon propre cancer.
Je retrouve cet auteur après l'avoir découvert (et être tombée sous le charme) grâce à la Mécanique du Cœur, avoir été très touchée par l'hommage à sa maman dans Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, et enfin après l'avoir (beaucoup) moins aimé dans Le plus petit baiser jamais recensé (que je n'ai pas pris la peine de terminer). J'ai désormais hâte de lire Métamorphose en bord de ciel, que je me suis dégotée chez Boulinier.


Un hymne poétique à la vie, et clairvoyant sur la maladie, ce qu'elle enlève et ce qu'elle apporte. La plume et la patte de Malzieu sont toujours là. Ca résonne et ça reste, ça fait sourire et réfléchir. Son meilleur roman pour moi! 


Mes p'tites étoiles:





Mais, ce n'est que mon humble avis!




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