Nymphéas Noirs - [Michel BUSSI] ou le thriller praline dédié aux amateurs d'art (mais moins de polar)

Pocket, 504 pages, paru en 2011

Enfin ! J'ai enfin lu Nymphéas Noirs, dont tout le monde me disait qu'il était le meilleur thriller de Bussi. De cet auteur, j'ai lu Un avion sans elle et Maman a tort. A chaque fois, je me suis plutôt ennuyée pendant ma lecture et j'ai pourtant été captivée par le dernier quart. Qu'en est-il de Nymphéas Noirs? Verdict.

Nous sommes à Giverny, le village dans lequel Monet a passé la fin de sa vie et dans lequel il a peint sa célébrissime série de Nymphéas. 
Un médecin du village, infidèle et amateur d'art,  est retrouvé mort dans un cour d'eau. Deux flics mènent l'enquête mais piétinent très rapidement...Parallèlement, on suit l'histoire de Fanette,  une fillette de 11 ans, doué d'un immense talent pour la peinture. Tout cela nous est raconté par une vieille femme aigrie, qui semble en savoir beaucoup sur tout ce petit monde...
Monet disait que la sagesse, c'est de se lever et se coucher avec le soleil.
Ce troisième Bussi que je lis ne déroge pas à la règle: je me suis clairement ennuyée pendant les deux premiers tiers, et je n'ai pas pu décrocher de ma lecture pour le dernier (heureusement, c'est les vacances...). Le roman prend son temps, installe le décor (Giverny, forcément, il y a de quoi écrire!) et les personnages... Certains apprécieront,tandis que moi l'impatiente j'ai envie que cela démarre. Et que ça saute !

Les personnages sont bien travaillés, leurs relations également. Mais cela casse souvent le rythme du polar. J'ai lu en diagonale beaucoup de passages sûrement très intéressants mais qui ne faisaient pas du tout avancer l'intrigue.
De plus, j'ai toujours autant de mal à admettre que des gamins de 11 piges (la brillante Fanette et ses copains) puissent parler et penser de la sorte. Comme au cinéma, je trouve que les enfants sont toujours trop matures (je suis prof moi-même, je sais de quoi je parle!). 
L'intrigue policière est souvent relayée au second plan, parfois pas toujours très cohérente (récupérer les bottes de tous les givernois?) ce qui est déroutant pour moi, l'amatrice d'enquêtes rondement menées. 
Je vais tout vous dire, ce que je tiens tant à retrouver, c'est un carton, un simple carton de la taille d'une boite à chaussures, rempli de vieilles photos. Vous voyez, ce n'est guère original. Il paraît que maintenant, j'ai lu ça, toute une vie de photos peut tenir dans une clé USB de la taille d'un briquet. Moi, en attendant, je cherche ma boite à chaussures. Vous, à plus de quatre-vingt-ans, vous chercherez dans votre fourbi un minuscule briquet. Bon courage ! ça doit être le progrès. 
Au fil des jours de l'enquête, une vieille femme, visiblement très au courant de tout ce qui se passe, nous relate ce qu'elle voit, nous nargue en s'adressant directement à nous, en nous faisant comprendre qu'elle sait tout, qu'elle connaît le coupable, mais qu'il faut patienter jusqu'à la fin. J'ai trouvé ce procédé littéraire intéressant... Comme si on sortait du livre (pourtant écrit à la troisième personne) pour lire les apartés narquois d'une protagoniste (qui pourtant n'est jamais citée le reste du temps). 
Tout le monde se fout d'un vieux ou d'une vieille qui meurt.
A tout prendre, pour être pleuré, mieux vaut crever jeune, en pleine gloire.
Bussi a fait énormément de recherches pour son roman, cela se voit. Chaque chapitre contient son lot d'histoires et d'anecdotes sur Monet, sur la peinture en général, sur Giverny... Et... j'ai trouvé ça intéressant mais trop présent. Encore une fois, cela ralentissait trop le rythme du livre. D'aucuns diront que c'est justement toute cette part du bouquin qui en fait sa force; une sorte de petit manuel pour néophytes en art ou pour les grands amateurs du génie Monet. Moi, je suis malheureusement et confusément assez hermétique à cet art. Il aurait fallu me parler de musique ou de cinéma !

Mais, me direz-vous, je chipote. Car le roman tient la route, même si on peine à y croire lorsque le dénouement se profile au fil des dernières pages... Bussi réussit un tour de maître, car en grande lourdingue que je suis, j'ai bien réfléchi à la cohérence et à plausibilité de toute l'intrigue... et oui, rien à dire, l'auteur m'a convaincue. Quel final, mais quel final ! Une toute petite fois, une seule toute petite fois, l'idée m'a traversée l'esprit, mais je me suis dit que NAAANN c'était bien trop complexe et casse-gueule pour être possible. Bah... si. Merci Bussi, vous m'avez scotchée à mon oreiller quand j'ai refermé votre ouvrage.
- Tu la connais depuis combien de temps, ta Béatrice ?
- Sept ans.
- Et tu l'as jamais trompée ?
- Non. (...)
- Pourquoi tu ne l'as jamais trompée ? Ta femme est la plus belle du monde, c'est ça ? Donc t'as aucune raison d'en désirer une autre ? (...)
- Mais belle ou pas belle, c'est pas la question ! C'est pas comme ça que ça marche. C'est débile de vouloir que sa femme soit la plus belle du monde ! Ca veut dire quoi, ça, c'est pas une compétition ! Une femme, il y en aura toujours quelque part une plus belle que celle avec qui vous vivez. Et puis même si vous décrochez miss Monde, miss Monde, au bout du compte, elle vieillira. Faudrait foutre dans son lit chaque année la nouvelle miss Monde, c'est ça ?

Les amateurs de "vrais" polars et thrillers seront peut-être, comme moi, un peu désorientés par ce "polar praline" aux multiples facettes, qui prend son temps et nous livre une intrigue longue à démarrer mais captivante sur sa fin. Le final en vaut la peine, vraiment. La patte de Bussi est toujours la même: pas de gore ni de glauque, une enquête policière au second plan, une histoire humaine avant tout. A avoir lu !

 Mes p'tites étoiles:

Mais, tout cela n'est que mon humble avis.




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