La montagne entre nous [Hani Abu-Assad] - ou comment survivre en montagne mais aussi dans une salle de cinéma

  

 

Oh que cette chronique s'annonce cinglante. J'aurai dû écouter mon instinct. J'aurai dû écouter ma petite voix d'habituée du cinéma qui me hurlait littéralement: FUIS, tu vas être déçue! FUIS, tu connais déjà la fin! 

Bah ouais mais j'ai plusieurs voix dans ma tête et il y avait aussi celle qui me hurlait: "Nan mais c'est Kate Winslet quoi". Et oui, mon amour pour cette (grande et magnifique) actrice a été plus fort que mon instinct. Alors nous y voilà. Kate, tu es au top, comme à chaque fois. Je t'aime. Mais ce film est clairement de la guimauve périmée qu'on nous force à engloutir avec un entonnoir dans la bouche. 

Tu te débrouilles plutôt pas mal pour quelqu'un qu s'est fracturé la jambe!

Un homme (chirurgien canonissime, j'ai cité Idris Elba) et une femme (journaliste cannonnissime, Kate, si vous suivez) se retrouvent dans la même situation à l'aéroport: leur avion est annulé pour cause de tempête. Ils sont tous les deux très pressés. Kate se marie juste le lendemain (déjà QUELLE nana se trouve à des milliers de kilomètres de chez elle la VEILLE de son mariage?). Et lui doit opérer un gamin (ça rend le personnage important et touchant, c'est clair). Aller, venez, lui dit-elle, j'ai un super plan (MAIS BIEN SÛR): un petit coucou piloté par un gars à la santé fragile. On sera chez nous demain! Chouette, se dit-il, allons-y gaiement. L'avion se crashe. Et les deux inconnus sont paumés en pleine nature avec le chien du pilote (pourquoi ils choisissent toujours un labrador dans les films?). Et c'est parti pour 1h47 de film qui vont clairement en paraître le double.

Le pitch est très intéressant, bien que simple. Deux inconnus amenés à se côtoyer pour survivre. Réfléchir, s'entraider, faire des compromis... ce n'est déjà sûrement pas simple avec un proche, mais alors avec un inconnu... (enfin avec Idris moi je vais crever en haut de l'Everest sans problème) Pour ma part, j'adore les histoires de survie, surtout quand je suis au chaud sous ma couette et que les gars sont en pleine montagne (Le piètre Vertical Limit a clairement marqué mon adolescence). Petite curiosité malsaine, voyeuriste, empathique. Mais je ne pas trop dans quel ordre. (cf ma chronique sur Vertige, de Franck Thilliez, thriller sur la survie, comme de par hasard)

J'ai beaucoup aimé le premier tiers. On apprend à connaître les deux protagonistes en même temps qu'eux apprennent à se connaître. Lui est d'un tempérament très posé, rationnel, prudent (un peu trop) Elle, la grande reporter à des milliers de bornes de son fiancé la veille du mariage, elle est téméraire, casse-cou et têtue (un peu trop). Ca part bien. Ca promet des engueulades et ça aussi, j'aime.

Au secours, monsieur le chirurgien, venez réparer ma fracture ouverte!

Les questions relatives à la survie semblent au début bien traitées mais rapidement, on a l'impression que c'est des super-héros (en fait). Ils sont blessés tous les deux, mais nan, pas trop trop de problèmes pour marcher, avancer, et ce pendant 3 semaines (WTF?). Alors oui, les grottes et les maisonnettes sont habilement placées dans le scénario pour qu'ils puissent se réchauffer, dormir au chaud (et surtout forniquer, hem hem) toussa toussa. On a de l'eau en faisant fondre la neige, ok. Mais la bouffe? Les calories pour se réchauffer et marcher autant de temps?

Et mon c..... c'est du boudin? Sérieux les gars, j'aurais tellement aimé voir des engelures, des stalactites dans le nez et des joues creusées! Nan mais ils ont à peine les cheveux gras quoi! Bien sûr, c'était couru, je sais. Rien que l'affiche... Mais un peu plus de réalisme que diable! Je sais pas moi, mangez le chien! Et quand vous êtes près du feu, arrêtez de faire semblant d'avoir froid car ON A PAS FROID A 50CM D'UN FEU. Juste pour permettre les rapprochements physiques et les mains baladeuses et le réchauffement corps à corps! 

J'aurai aussi adoré que ça finisse mal (ouais je suis comme ça.) Que l'un des deux crève en sauvant l'autre. OK, on tombe amoureux. Pourquoi pas. L'enfermement dans Loft Story a bien fait coucher Loana et Jean-Edouard au bout de 3 jours. Mais pourquoi vouloir à tout prix le beau happy end à la Nicholas Sparks? Un sacrifice, un ultime geste, une blessure mortelle... je sais pas moi, Kate a de la ressource depuis la mort de Jack dans Titanic, nan? 

Ou alors, un amour bien bien contrarié, à la Lalaland? On est tombé amoureux parce que la survie dans le froid, ça rapproche à fond. Mais elle, faut qu'elle se marie! ALLO!? Et lui, PAF, sur le banc de touche (alors que deux ans auparavant, il a perdu sa femme, le pauvre mec). Et voilà, ça finit comme ça. Un bout de chemin. Un bout de (sur)vie. Next!

En gros, c'est cucu la praline pour que toutes les nanas comme moi foncent et aillent admirer le talent de Kate et la belle gueule d'Idris (ceci dit l'inverse marche aussi). Pour faire pleurer dans les chaumières. Tu m'as habituée à tellement mieux, Kate. Mais je te pardonne parce que je t'aime.

Je ne te connais pas, mais je t'aime déjà!

J'avais lu que le livre était (carrément) mieux. Classique, me direz-vous. Mais apparemment, l'histoire ne finit pas de la même façon et la psychologie des personnages est plus mise en avant. Bien évidemment, on ne peut pas comparer l'incomparable, puisque les modes de narration diffèrent et qu'il faut en tenir compte. Mais tout de même, quelques flash backs et discussions bien écrites, ça aurait pu le faire. 

Voilà. Achetez le bouquin, clairement je suis persuadée qu'il vaut mieux que le film. N'allez pas engraisser les salles de cinéma, attendez à la limite la sortie en VOD. Ou sinon mieux: ne voyez pas ce film.

Mes p'tites étoiles:

(Parce que je REFUSE que la filmographie de Kate comporte un film à une étoile)

Mais, ce n'est que mon humble avis.