Jours sans faim - [Delphine de Vigan)



Paru en 2001, 124 pages
 Vous n'avez pas besoin de mourir pour renaître.



 Ce livre, c’est un récit autobiographique. Celui d’une jeune femme de 19 ans, Laure, qui vient tout juste de se faire hospitaliser car elle est anorexique. Et surtout, elle vient de frôler la mort. Le récit nous raconte, au fil des semaines qui s’écoulent, son séjour à l’hôpital, sa relation à la fois tendre et dure avec le médecin, ses rencontres avec les autres patients, ses angoisses à l’idée de « faire du gras », son histoire familiale compliquée et qui, bien évidemment, l’a fait sombrer dans la maladie..
 Au début, elle voulait seulement rétrécir un peu, pour se soustraire à cette emprise, et puis un jour elle avait voulu disparaître.

J’aime la plume de Dame De Vigan. Je l’admire, je l’envie. Cette faculté d’utiliser des mots simples pour raconter le complexe. Cette faculté de les assembler pour que cela devienne ou poétique, ou tranchant, ou juste.
Ce court récit est autobiographique et pourtant il est écrit à la troisième personne, comme si l’auteure elle-même se détachait, ou n’assumait pas totalement cette partie de sa vie. Un choix que j’ai trouvé très intéressant et qui évite la comparaison à un pseudo journal intime adolescent.

Elle ne pouvait imaginer la souffrance qui l'attendrait quand il ne resterait rien d'autre à ronger que son âme.

J’ai appris beaucoup de choses sur cette terrible maladie. On a tendance à tout mettre sur le dos des médias, des retouches Photoshop, de la publicité, du mannequinat. Il y a cette abjecte pression sociétale, parfois masculine aussi, pour être toujours mince, mince, MINCE. Mais c’est visiblement bien plus complexe que cela et Dame De Vigan nous l’exprime très bien. Ici, le corps dans son extrême maigreur n’est que l’expression d’une douleur qui n’a en fait rien à voir avec lui. Comment montrer, sans le dire vraiment, que je souffre ? Comment me faire entendre silencieusement ? Il faut garder le contrôle d’au moins une chose dans une vie décousue et triste. Alors, pourquoi pas le contrôle du corps en s’affamant ? En ce sens d’ailleurs, l’héroïne ne se fait pas vomir ; elle s’affame. Elle choisit de ne pas manger.
 Si elle guérit, elle deviendra une jeune femme aux formes insoupçonnables, une adulte, écoutez comme ce mot est laid.

Y a-t-il plus terrible et plus magnifique choix (qui finit d'ailleurs par ne plus en être un) que de cesser d’alimenter son corps pour montrer à quel point on a prise sur lui – puis sur ce qu’il en reste – et à quel point on a peur de grandir et de la vie ?

Pour conclure, si vous aimez la plume de De Vigan, foncez (il se lit en un bout d'aprem!).
Si vous aimez l'introspection et la psychologie, foncez.
Et enfin, si le sujet si délicat et tabou de l'anorexie vous intéresse ou vous touche de près ou de loin, FONCEZ!

Elle devenait plus forte que la faim, plus forte que le besoin. Plus elle maigrissait, plus elle recherchait cette sensation pour mieux la dominer. A ce prix seulement elle parvenait à une forme de soulagement, d'apaisement. Mais il fallait s'affamer toujours un peu plus pour retrouver ce sentiment de puissance, dans un enchaînement qu'elle savait toxicomaniaque, supprimer par paliers, réduire encore le nombre de calories absorbées.
Mes p'tites étoiles:



Dame de Vigan nous livre ici une sorte de "prequel" à son si bien accueilli Rien ne s’oppose à la nuit. En effet, Jours sans faim évoque par petites touches la maladie de sa mère, sujet devenu principal dans Rien ne s’oppose à la nuit, dix ans plus tard. Les deux livres sont nécessairement à faire résonner ensemble. 

Jours sans faim est le premier roman de l’auteure, qu’elle a dans un premier temps édité sous le pseudo Lou Delvig. Le succès qu’on lui connaît étant arrivé par la suite, le livre a ensuite été réédité…

Delphine de Vigan est l’épouse de François Busnel, le présentateur de la Grande Librairie.

J'ai bien sûr lu Rien ne s'oppose à la nuit, qui m'a quelque peu déçue suite aux critiques dithyrambiques qui ont suivi, mais que j'ai néanmoins dévoré d'une traite. En revanche, D'après une histoire vraie" s'est immédiatement classé parmi mes 15 ou 20 livres préférés... Quelle claque... J'en parlerai lorsque j'aurai vu l'adaptation cinématographique! Quant aux Heures souterraines, je dois absolument le relire, car lorsque je l'ai lu il y a de ça plusieurs années... j'avais tout simplement détesté. Et aujourd'hui, je ne me rappelle plus pourquoi. 

Enfin, ce n'est que mon humble avis.

Commentaires

  1. Bel univers, je retiens celui-ci car j'aime beaucoup ses livres, j'ai d'ailleurs commencer par Les heures souterraines et c'est celui qui m'a fait continuer à la lire ;)

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    1. Décidément, faut vraiment que je le relise celui-là!!!

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  2. J'avais bien aimé Jours sans faim mais j'avais surtout adoré Rien ne s'oppose à la nuit, après je comprends qu'à force d'entendre des critiques dythirambiques on soit déçu...En tout cas Delphine de Vigan a une plume superbe :)

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