Se résoudre aux adieux - [Philippe Besson]


Paru en 2006, 198 pages

Ne plus être écrasée par les souvenirs mais apprendre à vivre avec eux, ne plus être écrabouillée par le chagrin mais le dominer, ne plus être dans le ressassement mais simplement dans l'effleurement.

Ce livre, c’est l’histoire somme toute banale de Louise, qui au travers de ses voyages, cherche à fuir un homme, Clément. Ou plutôt le souvenir de cet homme et ce chagrin dont elle ne parvient pas à s’affranchir, depuis qu’il l’a quittée pour Claire. L’autre. Elle lui écrit donc de (très) longues lettres, au fil des villes qu’elle traverse, pour exorciser, pour comprendre, pour aller mieux.

J'ai décidé de t'écrire, plutôt que rien.
La rupture amoureuse est un sujet qui (a) fait écrire beaucoup d’auteurs. Idée facile à saisir mais sujet difficile à traiter. Besson y parvient selon moi haut la plume. De son héroïne, il dépeint avec beaucoup de finesse l’errance géographique et sentimentale, l’une et l’autre se répondant sans cesse au travers des souvenirs douloureux et des rêves désormais inatteignables.
Je me souviens de tout, avec une précision effrayante, en dépit des efforts gigantesques que je déploie pour tout oublier.
Jamais de sensiblerie mais toujours beaucoup de sensibilité et de justesse. Les lettres sont décousues, parfait reflet des différentes vagues de sentiments qui assaillent après avoir été quitté : chagrin, colère, cynisme, besoin d’explications…
Il faut aimer les gens beaucoup pour les accepter tels qu'ils sont. Tu ne m'aimais pas assez.
Tout y passe et Besson n’oublie rien. La relation, la rupture, ce qu’ils étaient, ce qu’ils auraient pu devenir… tout est décortiqué, dans le désordre, au fil des souvenirs et des vagues de tristesse. Tout est fluide, cohérent. Les mots sont toujours bien trouvés même dans la simplicité. 
Je ne suis qu’une femme fuyant les souvenirs qui inlassablement la rattrapent.
L’auteur du livre parvient à s’effacer tout à fait pour laisser la place à l’auteure des lettres, à une plume incroyablement féminine, qui fait du cas particulier de Louise un récit bouleversant de justesse, qui pourra résonner chez beaucoup. 
Mais aimer, ce n'est pas s'installer une fois pour toutes au sommet de ses certitudes. C'est douter toujours, trembler toujours. Et puis, demeurer vigilant pour éviter que le poison mortel de l'habitude ne s'insinue et nous tue, ou pire : nous anesthésie. Ne pas croire que plus rien ne reste à faire mais au contraire séduire, séduire encore.

Mes p'tites étoiles:

Philippe Besson est vachement engagé politiquement. Il a même écrit tout récemment un livre sur notre nouveau président (celui-dont-je-ne-veux-pas-prononcer-le-nom) : Un personnage de roman.
Philippe Besson, j’ai appris qu’il était aussi animateur de télévision et radio.
J’ai également lu Un instant d’abandon (mouais…) et ai très (mais vraiment très) envie de lire Arrête avec tes mensonges, gros succès public et critique ces derniers mois.

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